En matière musicale nous savons que cet homme est une boîte savante à idées. Et cela n’est pas un débat quand on considère la variété des genres convoqués par l’artiste pour constituer son riche répertoire en 25 ans de carrière.
Je me souviens qu’en un jour de l’année 1998 lors de sa première apparition à l’émission Tempo, l’animateur Touré Aboubacar disait d’Onel Mala que son gabarit plutôt maigre était en totale contradiction avec la voix de baryton dans le Tube « Louez louez » qui a révélé le jeune homme aux Ivoiriens. Mais il n’y a pas que ça qui caractérise ce chantre atypique. Et pour être atypique il l’est vraiment. En voici les raisons.
Un anticonformiste
Quand on sait que la musique chrétienne à travers l’histoire a été cadastrée dans un formalisme quasiment immuable, on peut comprendre comment à partir de la liturgie classique, on en est arrivé à une libéralisation contrôlée de la musique à L’Église.
En effet, l’histoire de la musique chrétienne professionnalisée en Côte d’Ivoire n’est pas longue de plus de trois décennies.
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Elle se confond avec l’avènement des Témoins de Bouaflé pour l’épisode folklorique, aux premiers tubes professionnels suivis de clips. A ce titre on citera Constance et Mathieu, puis l’emblématique Pasteur Christophe Adjé dont la discographie est essentiellement constituée de « pot pourri« , ces créations musicales qui sont des reprises de chansons connues.
Voici qu’apparait un groupe de jeunes révolutionnaires sous le label des Trumpets, contemporains au très charismatique prophète Kacou Séverin à la fin de la décennie 1990. Parmi eux, un jeune homme flegmatique mais percutant va bouleverser les codes.
Onel Mala chante à la gloire de Dieu dans un genre musical non interdit officiellement par le clergé, mais tacitement prohibé dans les Églises à une certaine époque pour des raisons historiques liées à ses précurseurs. Il s’agit du reggae qui annoncera une nouvelle génération de chantres.
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Un artiste enraciné dans sa culture
Onel Mala nous a démontré amplement que nos ressources et valeurs culturelles ne sont pas fondamentalement incompatibles avec l’Évangile. La preuve en est si bien faite que les mélomanes et musicologues disent de lui à raison, qu’il a offert le meilleur de sa culture au Seigneur Jésus-Christ. D’où certainement le concept Dan groove dans lequel il déclare implicitement qu’il ne peut emprunter sa louange à Dieu d’une autre langue que le Yacouba. Le résultat vous le savez, est toujours un délice pour toutes les oreilles.
Un homme ordinaire et humble
Je peux vous assurer qu’Onel Mala n’a jamais recherché la célébrité. C’est plutôt la célébrité qui lui fait la cour sans jamais réussir à lui faire perdre la tête. Il a su rester humble et constant en dépit des nombreuses péripéties qu’il a d’ailleurs si bien imagées à travers le titre « Tu m’as reconstruit ».
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Un homme qui connaît la dimension spirituelle de la gratitude
Il est connu qu’un fleuve aussi puissant soit-il, prend toujours sa source d’un modeste marigot. Les sources d’inspiration, Onel en a deux. Sa mère et son célèbre mentor Mamadou Djoman. Lorsque ce 14 avril 2023, il a commencé à chanter le titre éponyme, l’homme de 88 ans a été porté en triomphe jusqu’au podium. Il y a longtemps que Mamadou Djoman a quitté la scène sans véritable gloire, cet artiste ultra talentueux et formateur de plusieurs générations avec qui la vie n’a pourtant pas été généreuse… Mais le patriarche m’a confié ce même soir, que le bananier n’est pas mort malgré le ravage du feu de la vie. Il a fort heureusement des rejetons de haute valeur qui assureront la pérennité du verger. Merci l’artiste ! Merci Onel !
Une contribution de Dagui Mabéa
Admnistrateur civil, fils de Zouan-Hounien
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