C’est début 2003, après le déclenchement de la crise politico-militaire que les premiers taxi motos ont commencé à vrombir sur les pistes de l’ouest. Inconnues au départ, les populations avaient du mal à composer avec ces engins à deux roues. Mais au fil du temps et face à la rareté des véhicules de transport, les moto taxis sont devenir le moyen de transport prisés dans l’ouest.
De Danané à Facobly en passant par Bangolo et Guiglo, il n’y a pas de pistes où ces engins ne sont pas présents. Nuit et jour, les conducteurs de taxi-motos appelés généreusement motards sillonnent les pistes villageoises, transportant bagages, jeunes, vieux et femmes. Dans des localités éloignées, ces motos sont utilisées pour le transport de tout type de personne. Ce sont très souvent des personnes malades, des femmes enceintes ou des blessés. Une pratique qui se fait soit par manque d’ambulances soit pour son coût moindre. C’est le cas à Danané où les moto taxis qui assurent la liaison entre cette localité et le Libéria voisin se fait à des frais accessibles à toutes les bourses.
« Quand les motos apparaissaient sur nos routes, il n’y avait pas de routes. Il n’y avait même pas de voitures. Donc les populations étaient obligées de les emprunter », fait savoir à ouestmedia.ci, Gueu Bertin, un habitant de la ville de Danané.
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Des motos en remplacement des corbillards ou des ambulances
A Bangolo, il n’est pas rare de voir ces motos de fabrication chinoise transporter des cercueils ou des malades.
« Les services de pompe funèbre sont chers. Ils font le transport des morts par kilométrages. Alors nous nous débrouillons avec nos jeunes frères qui nous font des arrangements », expliqué à ouestmedia.ci, Vouo Alexandre, originaire de la ville de Bangolo.
Avec la présence des forces de sécurité qui n’apprécient pas cette pratique, les transports de dépouilles à moto se font les nuits. En plus des dépouilles, les acteurs de moto taxis s’adonnent aussi aux transports des tôles qu’ils attachent de travers sur leurs engins. Une pratique qui n’est pas sans risque car les dégâts du fait de l’inattention sont légion.
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Bien que dénoncés par les autorités à travers les radios de proximité, le transport des tôles continuent. Les ambulances faisant également défaut dans de nombreux villages, les taxi motos sont très souvent sollicitées pour assurer le transport des femmes enceintes vers les centres de santé.
« Quand une femme enceinte est en travail ou a très mal, nous faisons recours aux motos qui, bien qu’inconfortables sont rapides », explique à ouestmedia.ci, Zou Françoise à Guiglo.
Des reproches aux conducteurs de taxi motos
Les conducteurs de taxi motos sont généralement des déscolarisés ou des diplômés ayant du mal à s’insérer dans le circuit professionnel.
« J’ai eu le Bac en 2018. Je tente des concours mais les résultats sont négatifs. J’ai donc décidé de faire le transport pour me faire un peu d’économie et aller financer un autre concours », nous confie Goua Patrick, un conducteur de taxi-moto à Duékoué.
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« Parmi ces jeunes, certains ont la capacité d’évoluer. Nous avons inséré quelques-uns dans des activités économiques stables. Mais comme vous le savez, on ne peut pas prendre toute le monde », a indiqué G. Athanase, un conseiller à la mairie de Duékoué.
Malgré ses nombreux services, les moto taxis qui assurent le transport sur les routes restent des dangers permanents à cause de l’excès de vitesse, la méconnaissance du code de la route, leur impolitesse vis-à-vis des clients et l’implication de bon nombre d’eux dans des braquages et des vols. Il est donc nécessaire de les encadrer pour faire de ces jeunes de vrais professionnels de transport.
Fara Adams
OM- 06/23
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