Qui a la qualité de chantre, subvient-il à ses besoins et quelles sont les difficultés dans ce choix musical ? Dans cet entretien, Roly, une femme qui consacre sa vie à la musique religieuse livre quelques informations sur la vie d’e chantre.
Qui est Roly et d’où vient-elle ?
Chantre Roly est un nom d’artiste. À l’état civil, je nomme Kpan Dolé Rolande. Je suis Yacouba. Comme toute personne dont la vocation est de chanter Dieu, j’aime beaucoup Dieu et aussi mon prochain.
Dans le milieu artistique ivoirien on vous connaît comme une chantre. Pourquoi le choix de chanter les œuvres de Dieu ?
Je n’ai pas vraiment choisi de chanter. Fidèle chrétienne, dans mon église, j’aimais tout ce qui touche au ministère de la délivrance et aussi prêcher. À l’origine, je faisais le chant comme tout chrétien le fait pour louer Dieu. Ce n’était pas une voie que j’envisageais de suivre pour espérer faire une carrière. Pour être franche, ma venue à la musique chrétienne a été par un appel. Un jour, une servante de Dieu dans la communauté où j’étaie m’a dit ceci : toi, le Seigneur t’appelle. J’ai répondu jamais et que je n’irai pas à ce ministère. Parce qu’il faut le dire, comme certaines personnes, je n’avais pas une bonne idée de ce ministère. Je me disais que tous ceux qui sont chantres n’avaient pas une bonne vie. Il n’était donc pas question pour moi de chanter. Je ne voulais pas perdre ma vocation qui est de prêcher. C’est ce que je pensais à cette époque. Mais par la suite, j’ai été touchée par le seigneur qui a changé ma manière de voir les choses. Je suis entrée dans le groupe musical de l’église où j’ai exercé pendant un moment. Cela a continué jusqu’à ce que le seigneur me dise de rester dans ce ministère parce qu’il a quelque chose à faire avec moi. C’est donc par appel que je suis devenue chantre. Car c’est le Seigneur qui veut faire de moi ce qu’il veut.
Combien d’albums la chantre Roly a-t-elle aujourd’hui à son actif ?
J’ai deux albums. Le premier a pour titre RECONNAISSANCE. Il est sorti en 2016. Le second album appelé LE SECOURS DE L’ÉTERNEL a été mis sur le marché courant mars 2020. Il y a également un maxi single sorti récemment.
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Quel est le plus beau souvenir de votre carrière de chantre ?
Des souvenirs de ma carrière, j’en ai beaucoup mais il y a un qui revient le plus. J’étais en déplacement dans une ville de l’intérieur du pays, et j’ai visité plusieurs églises. Parmi les églises que j’ai visitées, il y a une qui dans laquelle j’ai tenu à aller, je ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs. C’était une église en terre battue. Il y avait tout au plus, une dizaine de personnes et avait la percussion. En fait je devais aller dans une autre église plus grande pour une prestation. Mais sur le chemin, j’ai dit à celui qui me conduisait de s’arrêter là, et je suis rentrée dans cette église en terre battue. J’ai dit, je veux faire du bien. Je vous assure, on a fait un culte comme pas possible. On a loué Dieu comme si on avait tout le matériel qu’il faut pour un orchestre. On avait l’impression que ce n’était pas que dix personnes dans cette église. La joie était débordante. Je me rappelle avoir insisté pour que je rentre dans cette église. Mais je n’ai pas regretté car j’ai ressenti de la joie dans les yeux de ceux qui étaient dans cette église. C’était un beau cadeau que je n’ai jamais oublié.
Certaines de vos chansons sont en Yacouba, la communauté ethnique à laquelle vous appartenez. Est-ce facile de chanter dans cette langue ?
Oui, je suis Dan et certains de mes chants sont en langue danite. C’est vrai que c’est une langue très intéressante à écouter et à parler. Mais ça n’a pas été facile pour moi de chanter en Dan. C’était vraiment difficile pour mon premier album. Mais j’ai eu l’encouragement des aînés. J’avais peur parce-que je n’ai pas véritablement fait le village. À la maison c’est le français qu’on parlait également. J’ai donc demandé de l’aide autour de moi puisque je voulais chanter en Dan. J’ai demandé à des collègues chantres de m’aider à améliorer mon vocabulaire Dan pour atteindre cet objectif. Petit à petit il y a eu de l’amélioration et au final les gens aiment aujourd’hui mes chansons.
Aujourd’hui sur la place, nombreux sont les Yacouba qui excellent dans la musique religieuse comme vous. Quels sont vos rapports avec ces artistes ?
J’ai de bons rapports avec les autres chantres. Pour ce qui est du milieu Dan, il faut dire que dans les débuts, nous n’étions pas nombreux. Il y avait nos devanciers comme O’nel Mala, Koné Fontaly et autres. Aujourd’hui on se connait on se fréquente beaucoup. Nous formons une communauté de chantres danites. Tout va très bien entre nous.
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Certaines personnes pensent que chantez les œuvres de Dieu ne confère pas la qualité de chantre. Quelle est votre regard sur la question ?
Je donne raison à ceux qui pensent ainsi. On peut savoir chanter mais ne pas être appelé à exercer ce ministère. Le chantre est celui-là ou celle-là qui est consacré à une divinité. C’est un peu comme quelqu’un qui aime les choses de Dieu, qui fait même une école de théologie. Mais il n’est pas forcément un pasteur appelé par Dieu pour le servir. C’est Dieu qui fait l’appel. Quand toi-même tu fais l’appel, c’est compliqué. On peut même chanter le nom de Dieu, mais est-ce qu’on est consacré à Dieu ? C’est la question.
Est-ce qu’être chantre nourrit son homme comparativement aux autres genres de musiques ?
Être chantre nourrit son. Tout dépend de tes compétences et de ce que tu en fais. La bible dit que l’ouvrier mérite son salaire. Donc celui qui exerce ce ministère doit être récompensé selon Dieu. On ne peut donc pas dire que la carrière de chantre ne nourrit pas. L’une des grandes difficultés par contre est qu’aujourd’hui il n’y a pas de producteur. On fait généralement de l’autoproduction. C’est ce qui est un peu compliqué. Car on est chaque obligé de réinvestir ce qui rentre pour avancer. Cela veut dire que ça va. Mais c’est le manque de producteur qui est le petit hic. Les producteurs ne s’intéressent aux chantres que lorsqu’ils se sont débrouiller pour atteindre un certain niveau. Tout chantre arrive aisément à prendre soin de lui. C’est le surplus qui peut conduire à avoir des réalisations qui prend du temps.
Quelles sont vos projets dans cette carrière d’artiste ?
J’envisage de reprendre les tournées car cela fait un bon moment que j’ai arrêté les activités dans ce sens. J’ai aussi en projet de réaliser d’autres clips vidéo pour booster la promotion. Mais aussi faire des concerts. Mais ce qui me tient beaucoup à cœur est de faire du bien à la population en trouvant des moyens, des personnes qui pourraient, au travers des temps d’adoration pour aider les populations qui en ont besoin. C’est un travail que j’ai déjà commencé. Car pour moi c’est aussi cela l’évangélisation.
Réalisé par Zran Lôh
OM – 09/23
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