Les habitants situés sur l’axe Danané – sous-préfecture de Sipilou vivent un calvaire lorsqu’ils souhaitent se déplacer d’un point à un autre. La voie routière qui relie les deux localités est dans un état de dégradation très avancé. Ouestmedia.ci en a fait le constat.
Le jeudi 04 janvier 2024, nous sommes dans la ville de Danané pour une série d’activités. Après les différentes manifestations auxquelles ouestmedia.ci a pris part, nous mettons le cap sur la voie menant à la sous-préfecture de Daleu, sur le tronçon Danané-Sipilou.
Il s’agit d’une localité située à une dizaine de kilomètres de la sous-préfecture de Sipilou, un peu dans le nord de ce département. Ce chemin, selon des témoignages est devenu une zone impraticable.
Nous décidons de le constater par nous-mêmes. Un taxi-moto ! C’est le moyen de locomotion qui s’offre à nous. À Danané, ce moyen de transport est partout présent.
Depuis la crise militaro- politique, et du fait de la dégradation des rues, les taxis ordinaires ont disparu. Ils ont laissé apparaître les taxi-moto qui ont aujourd’hui ont pion sur rue.
DES MACHINES POUR LE CHANTIER, EN PANNE
À bord de l’engin à deux roues, nous entamons la route. Après quelques minutes, Diamangbeupleu se découvre à nous. C’est un village périphérique de Danané.
Il est perché sur une petite colline. À la sortie de cette localité, nous apercevons à notre gauche plusieurs machines pour des grands travaux. Ils sont à l’arrêt.
« Toutes ces machines sont en panne. Depuis plus de trois mois, ces engins sont toutes garées et il n’y a aucune assistance technique pour les remettre en bon état. Nous souffrons beaucoup sur cette voie. Ses travaux avaient suscité un réel espoir. Mais actuellement, c’est la désillusion totale« , indique à ouestmedia.ci, Salomon, le conducteur de la moto qui nous transporte.
En cette période de fêtes de fin et aussi de la CAN Côte d’Ivoire 2023, seul un vigile est aux côtés de ces engins. Naturellement, il se garde de répondre à nos questions.
Après Diamangbeupleu vient Kpakieupleu. La moto continue de s’enfoncer dans la forêt. Le chemin nous conduit vers la réserve classée de Tiapleu. Enfin, vers ce qui reste de cette aire protégée. Cette forêt est escamotée à divers endroits par des agriculteurs clandestins.
DES MOTOS PARFOIS A LA PLACE DES CORBILLARDS
L’entrée de cet espace protégé fend presque le cœur. En lieu et place d’une route, une couche épaisse de boue desséchée par le soleil a pris place.
« On appelle ici Zambakro. En saison des pluies, aucune moto ni voiture quel que soit son gabarit ne s’y aventure. En saison sèche c’est moins difficile d’y passer« , rassure le motocycliste.
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Avec difficulté, il parvient à nous faire traverser la zone composée de crevasses laissées par la boue et les eaux de pluies. Deux kilomètres plus loin, un autre obstacle se présente. Il s’agit d’une rivière qui a coupé la voie en deux et a créé une énorme étendue de boue.
Il faut descendre de la moto. Là également, le jeune motocycliste manœuvre difficilement pour sortir son engin de l’impasse.
« C’est comme ça que nous souffrons. On dirait que l’État nous a oublié. Depuis 2017, cette voie n’a plus été entretenue. Voici le résultat. Nous sommes obligés d’augmenter les titres de transport pour réparer nos motos après chaque voyage« , dit-il.
Le reste du chemin est tout aussi dégradé. Seules les motos peuvent le pratiquer. Sur cette voie les engins à deux roues sont parfois utilisés comme des ambulances ou même des corbillards.
« Les chauffeurs de camions et voitures simples qui venaient ici ont tous arrêté« , confirme notre conducteur.
PORTE OUVERTE AU TRAFIC DE PRODUITS AGRICOLES
Mais cet état de la route fait le bonheur de certains. Il a fait prospérer une autre activité. Le trafic de produits agricoles.
Selon le motocycliste, du fait de sa situation dans une zone frontalière, elle offre l’occasion aux acheteurs véreux venant des pays voisins de transiter paisiblement de grandes quantités de cacao de Côte d’Ivoire chez eux.
« Depuis que la route est dégradée, des acheteurs des pays voisins viennent prendre notre cacao parce qu’il n’y a pas de routes pour les écouler vers Danané« , soutient à ouestmedia.ci, un planteur du village de Doueuleu.
Pendant le bref séjour que nous nous sommes permis dans ce village, il n’était pas rare de voir une fois la nuit tombée, des dizaines de motocyclistes charger des sacs de cacao.
Leur destination serait Zôhô. Il s’agit d’un village situé de l’autre côté de la frontière, a-t-on appris auprès des villageois.
» C’est l’une des conséquences de la dégradation de notre route. Ce sont nos voisins qui s’enrichissent », termine Salomon, notre conducteur.
Selon lui, dans le canton Gouroussé, l’expression qui dit que : ‘’la route précède le développement » a tout son sens.
Farah Adams, envoyé spécial
OM -3/24
Mail : contact@ouestmedia.ci
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