Accusé à tort ou à raison de manger la chair humaine, le peuple Wê est l’objet de tous les fantasmes. Dans les sketchs ou les prestations des humoristes, on évoque ce qui serait une « réalité » dans l’Ouest ivoirien. Ce cannibalisme est-il un mythe, une tradition atavique ou une mauvaise interprétation de quelque fait auquel aucune explication n’était fournie jusqu’alors ? Ouestmedia.ci livre ici la suite et la fin de son enquête.
Pour mieux comprendre l’affaire ‘’Guéré mange l’homme’’, ouestmedia.ci a rencontré un chef Guéré dans le canton Zagnan de Bangolo. Voici ce que dit le chef Tahi Bah du canrton Zagnan.
« Ce que je sais, c’est que nous enterrions nos morts dans la pure discrétion mais dire qu’on les mange c’est de la désinformation. Il faut approcher le peuple Wê pour connaître son histoire authentique et non le traiter de mangeur d’homme », dénonce le chef de canton « Zagnan ».
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Et le chef de canton de raconter une anecdote réelle.
« Une fois dans un village, un infirmier a été affecté pour le fonctionnement du centre de santé. Le jeune infirmier d’ethnie attié avait à son arrivée, beaucoup de choses dans la tête. Les gens, selon lui, avaient dit que les guéré « mangent l’homme » et ses parents avaient même refusé qu’ils viennent en poste dans le département, voire même à l’ouest. Il a pleuré et il est venu quand même. Le jour de sa présentation au village, le corps préfectoral et l’administration sanitaire étaient présents. Les populations qui étaient très joyeuses d’avoir un infirmier sont sorties massivement. Les jeunes l’ont porté sur leurs mains pour matérialiser leur joie débordante. Le jeune infirmier qui avait déjà plein de choses en tête a commencé à pleurer en hurlant, pensant qu’on partait le manger. Mais ce dernier est devenu un fils du village car il a fait plus de dix ans avant de partir », a rapporté Tahi Bah Jean.
L’appel de la chefferie
Au-delà de tout, le peuple Wê qui se sent parfois frustré garde la tête froide et par l’intermédiaire du patriarche appel à la retenue pour la restauration de sa dignité longtemps bafouée.
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« Les hommes de média doivent nous aider à asseoir notre dignité réelle car longtemps notre nom a été ternie par ce fait. C’est froissant et déshumanisant qu’on parle partout de ce que tu n’es pas et ne fais pas. Nous connaissant, peuple tolérant, c’est pourquoi nous n’avons jamais réagi à cette provocation. C’est une indignation de savoir que tu parles avec une personne pourtant ce dernier te prend pour un animal. Nous demandons à toutes ces personnes qui soutiennent avec acuité que nous mangeons l’homme de se ressaisir. Cela allait faire plaisir à plus d’un, car cette diffamation a fait beaucoup de mal au peuple sur tous les plans », lance-t-il.
Concluant, le vieux rappelle à tous que le Wê n’est nullement un cannibale. Il s’engage à user de tous les moyens possibles pour la restauration de la dignité du peuple Wê.
Ashley Oulaï
OM -05/23
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