Ardemment souhaitée par les populations, la saison des pluies est enfin arrivée dans le District Autonome des Montagnes. Dans la région du Guémon, la ville de Bangolo est constamment arrosée depuis plusieurs jours. Il pleut des cordes à n’en point finir. Mais la situation n’est pas sans conséquence pour de nombreux acteurs des petites et moyennes entreprises (PME). ouestmedia.ci a suivi quelques commerçants.
Bangolo le 13 août 2023. Il est 14h. La grande pluie qui a débuté depuis la veille à 22 heures vient à peine de prendre fin. Quelques commerçants arrivés dans la ville pour participer aux échanges commerciaux ce jour de marché, sont trempés pour la plupart. D’autres, portent des pull-overs ou des blousons pour se protéger contre la fraîcheur et la pluie. Au travers des nuages dans le ciel qui tarde à s’éclaircir, un soleil timide tente de faire passer ses rayons. Mais pas pour longtemps. Cette lueur d’espoir d’avoir enfin un peu de chaleur s’évanouit aussitôt. À peine dix minutes après, la pluie tombe à nouveau. Les commerçants dont certains avaient déjà étalé leurs marchandises, s’activent à les ramasser.
Sale temps pour les business
Maïga, un Nigérien, commerçant de chaussures en cuir, que nous suivons depuis le matin est au bord des larmes.
« Vraiment, cette période est difficile. Avec mes chaussures en cuir, j’ai toutes les difficultés. Je suis fatigué de plier et déplier mes bagages. J’attends encore un peu pour voir si le beau temps va venir. Si la pluie persiste, je serai obligé de ranger pour attendre notre camion et retourner », confie-t-il à ouestmedia.ci.
De nos échanges, on apprend qu’il réside à Man dans la région voisine du Tonkpi. Il ne vient à Bangolo que les dimanches qui est le jour de marché.
A lire aussi : Utilisation de gaz comme carburant, on fait le plein de dangers à Man (Partie 1)
Non loin de Maïga, un étal se dresse. Elle est tenue par Nina, une commerçante de friperie. La pluie n’arrange pas son business non plus.
« Depuis ce matin, je n’ai pas vendu un seul habit à cause de la pluie. J’ai l’impression d’être venue me promener aujourd’hui. Vivement que le beau temps revienne », souhaite cette dame d’une quarantaine d’années qui vient de Duékoué.
« Aujourd’hui, c’est gâté. J’attends peut-être le dimanche prochain », se désole Nina.
À dix pas d’elle, Aïcha, une vendeuse de poissons, n’a rien sur sa table. Elle s’en plaint.
« Quand il pleut trop, les pêcheurs ne nous approvisionnent pas régulièrement. Ce matin, j’ai attendu en vain. Le véhicule qui n’est pas arrivé », confie-t-elle.
Dans ce marché situé en plein centre-ville de Bangolo, le décor laisse à désirer en cette saison des pluies. Partout, c’est la boue. Les ruelles qui traversent ce point de commerce sont gorgées d’eau sales. Des odeurs peu appréciables s’y dégagent par endroits. Dans cet espace insalubre, des commerçants tentent de se trouver une place où installer leurs business. Aussi surprenant que cela puisse paraître, si l’endroit ne donne pas envie d’être fréquenté, on trouve tout de même des commerces de nourritures. Des clientes ne boudent d’ailleurs pas leur plaisir à déguster des plats de riz.
A lire aussi : Déforestation, on plante des arbres à Bangolo Bleniminhouin
« Que la pluie ne tombe pas les dimanches »
Outre les commerçants, les transporteurs ne sont pas à l’abri des intempéries.
« D’habitude, les dimanches, je sors à 06 h du matin pour aller chercher les clients. Mais aujourd’hui, c’est pratiquement à midi que j’ai commencé le travail. Pourtant, je dois faire le point quotidien de mon boss. Quand il pleut, les clients sont rares. Alors, on attend que le soleil sorte pour aller à leurs recherches », fait savoir à ouestmedia.ci, Gui Wilfried dit Willy Dumbo.
Tout comme lui, Jean-Charles Amani dit Charly est tout aussi agacé.
« Le dimanche, jour de marché est le temps pour nous de faire de bonnes affaires. Mais quand il pleut comme c’est le cas aujourd’hui, nous avons des soucis. La pluie est bien pour nous tous, mais qu’elle nous laisse le dimanche », plaide-t-il auprès de Dieu le créateur.
Propriétaires de maquis et de restaurants se tournent les pouces
Les secteurs de la restauration et de la boisson ne sont pas non plus épargnés. Victoire, une tenancière de maquis à ciel ouvert, témoigne.
« Le mois d’août est très compliqué pour tous les habitants de l’ouest montagneux, surtout pour ceux des localités villageoises. À longueur de journée, on se tourne les pouces par manque de clients. Mais heureusement que cette année, il y a des élections. Certains politiciens en campagne, viennent nous faire quelques surprises », lance-t-elle en rigolant.
À peine ces mots prononcés, que la conversion prend fin. Le ciel s’obscurcit encore. Il faut chercher à s’abriter. En ce mois d’août, c’est le quotidien des populations du District Autonome des Montagnes. Seule la saison des pluies qui bloque l’argent, occasionne des coupures de routes par les eaux, des glissements de terrain et des inondations ; rythme la vie.
Fara Adams à Bangolo
OM – 08/23
Discussion about this post