Pendant cinq ans, il a été le premier magistrat de la commune de Danané. Mais aux dernières élections municipales, les électeurs de la cité des Ronces lui ont préféré un autre cadre du département. Cependant, l’ex-maire Dr Lacina Ouattara ne se désintéresse pas pour autant de la vie de cette commune qu’il suit de près. A quoi occupe-t-il réellement son quotidien et quelles sont ses relations avec les populations et ses ex-adversaires aux élections ? Dr Lacina Ouattara parle. Entretien !
Dr Lacina Ouattara, depuis octobre 2023 vous n’êtes plus le Maire de la commune de Danané suite aux élections municipales. Comment avez-vous appris et pris cette nouvelle ?
J’ai appris la nouvelle comme tout le monde. Je l’ai prise avec beaucoup de philosophie. Une élection, soit on perd ou on gagne. Ce n’est pas un match de football où il y a le nul. En démocratie, c’est le peuple qui décide. Si les populations ont estimé que d’autres sont mieux outillés pour faire mieux que ce que nous faisons, nous nous alignons. Mais n’empêche qu’en homme politique, je continue de faire la politique.
Après 5 ans de gestion quand on est plus aux affaires, il y a sûrement beaucoup de changement dans les habitudes. Comment occupez-vous votre quotidien désormais ?
C’est la proximité continue avec la population comme je l’ai toujours été. Je n’ai pas changé de personnalité parce que le gros défi, c’est de rester tel. Nous avons apporté beaucoup de choses à la population de Danané avant d’être élu de la ville. Maintenant, en tant que citoyen simple, j’essaie de continuer ce que j’ai toujours fait.
N’étant plus Maire de la commune, quelles sont vos nouvelles relations avec la population de Danané ?
Rien n’entachera ma relation avec la population de Danané. Et cela vous devez l’écrire en lettre d’or. Ici, je suis en pays frère. Je suis chez moi et rien n’entamera ma relation avec mes alliés. Quand tu es adopté cordialement par un peuple, il faut rendre l’ascenseur. Au-delà de tout ce que les gens peuvent dire, je me sentirai toujours plus que chez moi.
Lors des récentes municipales à Danané, vous aviez en face de nombreux adversaires. Les élections terminées, quelles sont vos relations avec ces derniers ?
Je n’ai pas de soucis particuliers avec quelqu’un. Des trois listes qui ont occupé les trois premières places, notamment la mienne, je n’ai aucun souci. Pas même avec la liste qui dirige présentement la commune. C’est donc à eux qu’il faut demander.
Qu’est-ce qui meuble désormais le quotidien de Dr Lacina Ouattara ?
Depuis octobre 2023 je suis à mon officine. J’ai repris mon travail de pharmacien à 100%. Au-delà de ce travail je vaque à mes occupations extra-professionnelles. Je suis beaucoup attaché à la terre et je travaille dans mon champ de temps en temps. Ma deuxième passion, c’est bien Le football. J’ai une équipe qui évolue en division 3 et je m’en occupe également. Tout cela participe au rayonnement de la ville Danané.
Dans un entretien accordé il y a peu à ouestmedia.ci, l’actuel Maire de Danané, Lanciné Diabaté Kalifa porte un regard accusateur sur le camp de son prédécesseur dans le souci récemment rencontré avec sa délégation à la frontière ivoiro-guinéenne. Un commentaire ?
Je n’ai pas de commentaire particulier à faire. Mais je veux être un homme intellectuel. Quand il y a des situations pareilles, il faut se poser des questions de façon intellectuelle. Une délégation municipale d’un pays refoulée à la frontière d’un autre pays, il faut se demander d’où peut venir le refoulement de cette délégation. Sans être un membre du corps préfectoral, sans être un fonctionnaire aux affaires étrangères, il faut convenir avec moi que pour rentrer dans un pays, il faut des documents légaux. Quand nous avons eu vent de cette affaire pour le moins honteuse pour la Côte d’Ivoire, nous nous sommes posés ces questions essentielles.
Pensez-vous que les autorités municipales n’avaient pas pris les dispositions qu’il fallait pour traverser la frontière ?
Avant notre accession à la mairie, les jeunes sont partis sans la couverture du maire. Quand nous sommes au pouvoir, ils partaient avec la caution du maire sans problème. Pourquoi ces mêmes jeunes avec à leur tête le premier magistrat, ont été refoulés ? Le problème doit venir forcément selon moi d’une méconnaissance des démarches administratives qu’il fallait faire.
En plus, nous avons appris que le maire avait avec lui une cohorte de policiers municipaux avec des gyrophares pour se rendre dans un autre pays. Chaque police a sa sphère compétence. Allez donc avec des éléments de la police de chez nous au-delà de nos frontières demande des dispositions à prendre sur le plan administratif et sécuritaire.
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Accuser les autres d’être toujours à la base de ce qui nous arrive est une fuite de responsabilité. Je ne me sens ni mêlé de près ni de loin mêlé à cette affaire qui ternit l’image de toute la commune de Danané.
Ce qu’il faut savoir c’est que les jeunes de Danané sont plusieurs fois partis pour leurs activités dans ce pays frère. Sur nos conseils, ils ont fait correctement toutes les démarches administratives de sorte que toutes ces expéditions se sont bien déroulées.
Que retenir donc de ce souci enregistré à la frontière ivoiro-guinéenne selon vous ?
Quand dans la vie, on a fauté et qu’on n’a pas pu atteindre nos objectifs, il faut faire son mea-culpa que d’accuser les autres. Que ceux qui nous accusent apportent les preuves de leurs allégations. Jeter les autres en pâture, n’est pas du tout responsable. Je souhaite que notre maire à nous tous soit plus calme et cherche les solutions à ses problèmes. Qu’il cherche à parfaire les choses que de jeter la faute toujours sur les autres.
De vous à moi, comment un individu comme moi peut influencer les autorités administratives et militaires d’un pays ? Lui-même a-t-il informé et demandé la permission à sa hiérarchie avant de sortir ? Les documents que nous avons vus n’autorisent pas la délégation à se rendre en Guinée le 20 juin 2024. S’il veut de la confrontation qu’il nous montre les documents en sa possession relativement à cette sortie en terre guinéenne. Je ne suis pas créateur du groupe AJAD encore moins Jeunesse Unie de Danané. Le maire ne doit pas choisir entre les deux groupes. L’AJAD est venue me voir. Elle m’a dit que le maire ne les soutien pas et qu’elle se sent abandonnée. C’est ainsi que j’ai payé 63 places dans une compagnie à hauteur de 315 000 FCFA.
Qu’il vienne donner les preuves de ma présence à la frontière. Ce sont des accusations graves et je demande que des preuves soient données. Cet incident trouve sa source dans la méconnaissance des démarches administratives.
Dr Ouattara, il se raconte que vous avez été démis de la tête du département politique du RHDP que vous dirigez pour résultat insatisfaisant. Qu’en est-il exactement ?
Tout cela n’est que bruit de couloir. Moi je ne suis pas là pour marcher avec des bruits de couloir. Je suis un départemental élu à l’instar de tous les autres départementaux RHDP. Le résultat de mon travail n’est pas jugé par ceux qui s’agitent.
À l’issue de la dernière tournée d’évaluation diligentée par la direction centrale du RHDP, nous sommes convenus que la ville de Danané à elle seule ne pouvait pas en réalité couvrir les 66 sections RHDP qu’on lui avait assignées.
C’est ainsi que nous avons validé 20 sections dont 15 pour la zone sud et 05 pour la zone nord.
Nous savons d’où nous venons. Une section équivaut à 10 comités de base et chaque comité de base a 25 membres. Ce qui revient à 250 personnes par section. Nous avons 15 sections dans la zone sud et 5 dans la zone nord. Aujourd’hui nous sommes à plus de 1 700 militants enrôlés ce qui fait pratiquement 34% de notre objectif assigné.
D’où vient que des personnes parlent 8 %. C’est archifaux. Des gens qui ne sont même pas proches de la vie du parti, des gens qui refusent de s’intéresser à la vie du parti parlent de ce parti. Je ne suis pas venu à Danané en tant que départemental. Je suis arrivé en tant que militant et c’est mon travail qui m’a hissé à ce niveau. J’ai même été écarté mais je n’ai pas baissé les bras. J’ai pris mes moyens pour travailler pour le parti.
Ceux qui viennent à Danané pour une semaine ou deux et s’en vont sans connaître véritablement le quotidien des militants doivent se taire un peu. Je vis ici au quotidien avec les militants et je connais bien les difficultés qu’ils traversent. Ce n’est pas dans des salons feutrés, dans des interviews fleuves truffées de mensonges qu’on va dire que les résultats sont insuffisants. Un militant est un soldat et je suis prêt pour le terrain. Que des gens arrêtent de se donner de la contenance, alors qu’ils ne maîtrisent rien du terrain.
Nous sommes en train de travailler. Nous avons confectionné 207 cartes avec nos propres moyens. C’est notre manière à nous de faire vivre le parti. Que les gens apprennent à respecter ceux qui sont devant eux.
Danané souffre des rumeurs. Personne ne peut empêcher son prochain d’être ambitieux. Qu’on juge chacun sur sa valeur.
Si vous savez, un dirigeant qui est loin des fondamentaux de la vie en famille ou en société peut tirer des intérêts sur un court terme mais sera très vite rattrapé par ces travers. Pire encore cela désorganise la société.
Que les guides religieux et traditionnels jouent leurs rôles convenablement. Les chefs doivent prévaloir nos valeurs coutumières ancestrales qui étaient la base de nos sociétés. Que l’amour soit vraiment entre nous. Nos ambitions ne doivent pas nous faire perdre l’essentiel. De ma fonction je sais qu’il faut aimer l’homme et moi j’aime l’homme. J’aime Danané. Et vaille que vaille je démontrerai que j’aime Danané.
Réalisé par Ashley Oulaï
OM – 7/24
Mail : contact@ouestmedia.ci
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