« J’invite mon peuple à considérer et promouvoir ses valeurs traditionnelles et coutumières, notre identité propre », c’est ainsi que Hasa Simon résume en quelques mots ‘’Les échos de l’alphabet’’, son œuvre recueil de poèmes paru il y a peu. Qui est ce jeune auteur et quelles sont ambitions ? ouestmedia.ci est allé à sa rencontre.
Qui est Hasa Simon ?
Hasa Simon est fils de la région du Tonkpi, plus précisément de Mantongouiné, un des nombreux villages du Canton Oua. Jeune leader, étudiant et écrivain.
Vous venez de publier une œuvre littéraire intitulée » Les échos de l’alphabet ». Pourquoi ce titre ?
Les échos de l’alphabet tout simplement parce qu’ici l’alphabet m’offre gracieusement ses 26 lettres qui m’ont permis d’écrire ces quelques poèmes, qui sont des messages à l’endroit de mon peuple. Assis donc sur les plus hauts Sommets de mon pays, dans ma région natale, j’écris sinon je crie à ce peuple afin qu’il entende, même à distance, les échos de mon message.
Quel est le message que vous voulez véhiculer à travers votre œuvre ?
L’artiste que je suis ne veut pas voir sa tradition et sa coutume jetées aux oubliettes. Je ne veux pas non plus voir pleurnicher mon peuple sous les règnes tyranniques comme je ne veux pas voir la société courber sa tête sous le joug de la médiocrité… c’est pourquoi, de façon très sincère, j’invite mon peuple à considérer et promouvoir ses valeurs traditionnelles et coutumières, notre identité propre, à sortir du désordre honteux qui règne en son sein et rejoindre la dynamique de l’union qui donnera du poids à sa voix et du sens à ses choix.
Votre recueil comporte des dizaines de poèmes. Et vous y abordez plusieurs thèmes dont la tradition. Est-ce important pour vous de rester attaché aux valeurs traditionnelles dans ce monde en mutation constante avec les innovations technologiques que nous voyons ?
Cela me rappelle les propos de ma grand-mère – que son âme repose en paix- un jour alors que j’étais à son école. D’abord c’était une question qu’elle me posait : « Maîtrises-tu bien ta langue maternelle ? » « Pas vraiment n’nan. Mais je peux bien parler le français », c’était ma réponse. C’est alors qu’elle me dit : « On dit ‘’je m’arrête ici et je saute pour atterrir là-bas’’ et non ‘’je saute pour atterrir là-bas’’ ». Ces propos, pour moi, répondent à cette question. Il y a ce que nous sommes, notre authenticité, ce qui nous caractérise en tant que Dan ou tout autre et qui fait notre force ; c’est notre tradition, notre coutume. Savoir d’où on vient pour ne pas s’égarer dans ce monde désordonné. Rester attacher à ces valeurs dans un monde en mutation, c’est tout simplement accepter ce qu’on est. Et qu’est-ce qui est très impressionnant quand on reste toujours soi-même face aux adversités !!
Quels sont les autres thèmes abordés dans ce recueil de poèmes ?
La souffrance du peuple sous les règnes tyranniques tels qu’évoqués un peu plus haut, la contradiction, la désunion… sont des thèmes pêle-mêles abordés dans ce recueil. Également, j’y rends un hommage aux plumes qui m’inspirent – tel que N’inwlou, poète slameur ivoirien (mes admirations grand quelqu’un) – aux artistes de ma région que je veux ressembler – Tel O’nel Mala.
Vous êtes jeune et vous vous intéressez à l’écriture et la lecture. Ce n’est pas toujours le cas des gens de votre âge ? Quel est votre secret ?
La lecture, en vrai, c’est quelque chose que je détestais. Ce qui m’y a emmené, ce sont les contes de Grand-mère. En effet, chaque fois qu’elle me disait des contes elle ajoutait cette conclusion que voici : « Ce que je dis, d’autres l’ont écrit, ils ont mêmes écrits plus. Comme tu peux maintenant lire l’écriture du Blanc, va, lis et la prochaine fois que tu viens au village, je te dis un conte et toi tu me racontes une histoire que les Blancs ont écrits dans leurs livres ». C’est ainsi que j’ai commencé à lire, pour ne pas décevoir ma Grand-mère. J’ai commencé par lire les livres moins volumineux comme ‘’Les cinq contes’’ de Guy De Maupassant, ‘’Sans Famille’’ de Hector Malot. J’ai lu Amadou Hampâté Bâ dont les contes m’ont beaucoup épaté et depuis, je fais violence sur moi-même, un gigantesque effort pour toujours rester ami du livre. Je suis heureux de vous dire que Grand-mère, par ce geste, m’a donné les clés de la pharmacie où se trouvent les remèdes de mes maux. Chaque fois que je me sens mal, j’ouvre la porte, je prends un livre et je me traite.
Votre carrière d’écrivain vient ainsi de commencer. Quelles sont vos projets et ambitions ?
En même temps que je suis heureux quand on m’appelle écrivain, je sens la lourdeur de la charge. On m’attend, parce qu’on ne veut pas que je m’arrête là. Je vais faire l’effort pour ne pas décevoir cette attente. Déjà pour 2023, si Dieu le permet, je prévois de faire sortir trois livres : un recueil de poèmes, un recueil de contes, une pièce théâtrale. Aussi, je souhaiterais bien mettre en place une librairie et une bibliothèque mobile pour me rapprocher de mes lecteurs et créer même une très grande communauté de lecteurs à travers le Tonkpi, la Côte d’Ivoire et même L’Afrique – ô mon rêve ardent ! Mais à ce niveau, il faut honnêtement avouer qu’on a besoin de soutien tant financier que matériel, des mécènes afin de mettre en exécution le projet. J’y tiens parce que ça nous permettra de toucher plus de monde et de créer une République sous la douce dictature du livre ou de la lecture, pour utiliser les propos du Professeur Macaire ETTY, qui est d’ailleurs mon éditeur.
Tout comme votre carrière qui commence, ouestmedia.ci est un nouveau média qui fait la promotion de tout ce qui concerne le District autonome des Montagnes. Quel est votre regard sur cette initiative ?
Laissez-moi vous dire combien je suis content de voir naître dans mon district et dans ma région ce genre d’initiative qui vient soulager toutes les populations de cette partie de la Côte d’Ivoire. Avec tout ce que nous voyons sur les réseaux sociaux, informer dans le désordre, donc désinformer, si dans notre région nous avons des médias sérieux qui donnent des informations bonnes et fiables en temps réel, c’est toute une joie pour nous. Et pour cela nous ne pouvons souhaiter à ouestmedia.ci qu’une bonne et belle aventure. Également, inviter toutes les populations de l’ouest à soutenir cette initiative bénéfique pour nos 3 régions mises ensemble.
Réalisé par OM -01/23
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