Un nom et un visage bien connus surtout des femmes et des jeunes dans la région du Tonkpi et au-delà des frontières de cette partie de la Côte d’Ivoire, Edwige Diety s’implante davantage dans le cœur des populations. Qu’est-ce qui milite en sa faveur, quelles sont les difficultés qu’elle rencontre et comment juge-t-elle son parcours ? La présidente de la Fondation KED parle pour la première fois depuis les élections locales et fait des confidences.
Qui est Edwige Diety et d’où vient-elle ?
Pour répondre à votre question, je suis Edwige Diety, fille de la région du Tonkpi et plus précisément du département de Danané. Je suis issue d’une famille de neuf enfants dont je suis la cadette et la première fille.
Comment décrivez-vous votre parcours depuis votre enfance jusqu’à maintenant ?
Mon enfance a été comme celle de la plupart des enfants nés en Côte d’Ivoire à la même époque que moi. Elle a été rythmée par une vie de famille où se côtoient tradition et modernité parce que, quoiqu’ayant vécu à Abidjan, mon père conservait des liens très forts avec le village. J’ai ainsi gardé un attachement avec mes parents du pays profond et le terroir. J’ai fait mes classes primaires et secondaires en Côte d’Ivoire avant de poursuivre mes études à l’extérieur, précisément au Maroc, où j’ai obtenu un master en management.
Votre premier boulot a-t-il été facile à obtenir ?
J’ai eu la chance de bénéficier d’une première expérience professionnelle au sein du groupe ITES dont mon père est le fondateur. Il m’est toutefois apparu nécessaire d’investir dans mes propres capacités et compétences. J’ai alors créé plusieurs entreprises que je dirige aujourd’hui dans les secteurs de l’assurance, de l’imprimerie et des services des loisirs et du voyage.
Pourquoi liez-vous votre destin à celui de la région du Tonkpi, votre terre natale ?
Comme je l’ai indiqué plus haut, mon attachement aux populations du Tonkpi est naturel. Il résulte des liens que j’ai toujours gardés avec mes parents. Mon destin se confond ainsi à celui des miens et je pense très sincèrement que les connaissances que j’ai acquises au fil des années, les modestes moyens dont je dispose aujourd’hui doivent servir à la communauté et contribuer à créer les conditions de leur bien-être.
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Vous êtes la présidente de la Fondation Kumar Edwige Diéty (KED). Depuis quand existe cette structure ? Pourquoi cette initiative ?
La fondation KED date de 2014. C’est une initiative personnelle qui résulte d’une constatation, celle des conditions de précarité observées dans nos villages dans les domaines prioritaires de l’éducation et de la santé. J’ai également été particulièrement interpellée par les conditions de vie alarmantes de nos mères et de nos sœurs qui, malgré leur volonté s’en sortir, manquaient cruellement de moyens matériels et financiers. J’ai donc décidé de faire de l’autonomisation de la femme l’un des secteurs clés de mon action sociale.
Il me fallait dès lors réfléchir à la forme que devait prendre ce soutien social. Je n’ai pas eu à chercher très loin car le modèle abouti de cette action était incarné par la Première Dame Dominique Ouattara. J’ai donc décidé de créer une fondation sur le format inspiré de la fondation Children Of Africa. Les fins observateurs constateront qu’aussi bien la charte graphique que les objectifs de ma fondation sont en réalité un réplique de celle de la Première Dame que j’ai en admiration.
Ceci pour dire que nos cibles sont les femmes, les jeunes, les personnes vulnérables. Nos domaines d’intervention, ce sont l’éducation, la santé, l’hydraulique, l’autonomisation des femmes et des jeunes.
Vos actions sont-elles élargies aux autres villes de l’intérieur ?
Nous menons nos actions partout, avec un point d’honneur dans notre région d’origine qui est le Tonkpi.
Le social, l’éducation, l’autonomisation des femmes sont des domaines dans lesquels vous intervenez. Ce sont aussi des domaines qui demandent beaucoup de moyens. Vous ne manquez jamais d’en donner partout où vous passez. D’où viennent vos ressources ?
Vous aurez compris qu’il est quasi-impossible d’investir dans des secteurs aussi diversifié, avec une base de cibles aussi large sans l’appui de bailleurs nationaux et internationaux. C’est précisément cet appui qui nous ouvre le champ des possibles et je voudrais profiter de votre média pour dire un grand merci à tous nos partenaires ainsi qu’à l’ensemble de nos collaborateurs qui ne ménagent aucun effort pour apporter des réponses immédiates aux préoccupations des populations.
En plus d’être présidente d’une fondation, vous êtes également la directrice des affaires financières du groupe ITES. Comment parvenez-vous à assumer toutes ces charges ?
Tout est une question de rigueur et de planification sans lesquelles toute l’architecture de notre action est vouée à l’échec. Mais je voudrais toutefois indiquer qu’en ce qui concerne ma fondation, je peux compter sur le travail acharné de mon directeur exécutif qui déploie avec les activités sur le terrain. Je porte certes la vision, mais la pertinence des résultats obtenus est le produit de l’énergie que tous mes collaborateurs mettent à la tâche.
La gestion de ces tâches quotidiennes n’affecte-t-elle pas votre vie privée ?
Pas du tout. Tout est une question d’organisation. Je sais bien faire la part des chose.
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De vos débuts à maintenant, à combien peut-on estimer le nombre d’actions menées ?
Pratiquement dix ans après l’implémentation de la première activité, il me serait difficile de vous donner un chiffre sans prendre le risque de me tromper. La quantité des actions menées est certes importantes, mais ce qui me réjouit particulièrement, c’est le regard joyeux des enfants que j’ai pu observer toutes ces années parce qu’ils pouvaient désormais se rendre dans une école que nous avons construites ou réhabilitées ; c’est la joie manifestée par nos mamans suite à la réparation de pompes villageoises qui les soulageait de la corvée quotidienne des longues distances pour recueillir de l’eau ; c’est le dynamisme des femmes qui se mettaient immédiatement en action pour faire fructifier l’appui financier que nous apportions à leur caisse communautaire pour la création d’activités génératrices de revenus à leur profit. Voici ce qui compte réellement pour nous !
Vos actions et initiatives ont-elles un impact sur la vie des populationsb énéficiaires ?
Oui bien entendu. Faites un tour dans tous les villages que nous avons parcourus et vous constaterez que le concours financier apporté aux femmes des localités concernées a permis de développer des activités qui génèrent aujourd’hui des revenus qui profitent à la communauté. Vous observerez que les écoles construites ont accru la capacité d’absorption des enfants à scolariser. Vous remarquerez que les cantines scolaires installées ont amélioré le rendement des élèves à l’école. Je puis vous l’assurer, les résultats obtenus sont probants.
Y aurait-il un mécanisme de suivi de ces actions ?
Oui, bien évidemment nous avons au sein de la direction exécutive de la fondation un service en charge du suivi et de l’évaluation de nos activités. C’est précisément le travail de ce département qui nous permet de réajuster nos actions à venir en tenant compte des difficultés rencontrées et en tirant profit des leçons apprises.
Êtes-vous satisfaite de ces missions sur le terrain ?
Ma satisfaction est réelle, même si l’œuvre à accomplir n’est pas encore achevée. Beaucoup reste à faire et les attentes des populations sont nombreuses. C’est la raison pour laquelle nous ne relâcherons jamais dans l’effort et restons constamment au contact de nos populations pour identifier leurs besoins.
Avez-vous des regrets ?
C’est de ne pas avoir suffisamment de moyens pour couvrir tous les besoins de nos parents.
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Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien ?
Être au service des autres n’est pas une tâche facile. Mais nous avons choisi cette voie car nous savons que c’est la chose la plus importante dans la vie. C’est vrai que les difficultés sont inhérentes à la vie. Mais cela ne peut nous empêcher de faire ce que nous pouvons faire pour nos parents et certaines couches les plus défavorisées.
Que comptez-vous faire dans les jours, mois ou années à venir ?
Continuer sur la même lancée. Travailler davantage pour le bonheur de nos parents que j’ai eus la chance de visiter dans tous les hameaux. Ces quels parents qui vivent dans le dénuement et qui n’ont besoin que du minimum. Je vais donc accentuer mes actions avec ma fondation et des partenaires pour sortir ma population de la pauvreté.
Je voudrais très sincèrement vous dire merci pour cette opportunité que vous m’avez offerte. Je suis heureuse de voir des jeunes de ma région se battent pour se faire une place dans cette société difficile à affronter. Je vous encourage à travailler à faire connaître notre district davantage. Nous sommes prêts à accompagner ces initiatives venant des jeunes. Bonne continuation sous la guidée du Très Haut.
Réalisé par Ashley Oulaï
OM – 10/23
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