À la tête d’une forte délégation qui se rendait en Guinée il y a quelques jours, pour des activités liées à sa fonction, Lanciné Diabaté Kalifa, le Maire de Danané n’a pu arriver à destination. Lui et les siens ont été stoppés dans leur déplacement à la frontière ivoiro-guinéenne. L’affaire a suscité de vives réactions dans la cité des Ronces et sur les réseaux sociaux. Que s’est-il passé à la frontière ? Dans cet entretien, l’élu de Danané revient sur cette affaire. Il se confie également à ouestmedia.ci sur sa gestion.
Monsieur le Maire, alors vous effectuez récemment un déplacement en Guinée voisine avec une délégation, vous avez été arrêtés à la frontière et vous n’avez pas pu aller jusqu’à votre destination finale. Que s’est-il réellement passé à la frontière ivoiro-guinéenne ?
Depuis quatre ans maintenant, des jeunes de Danané, essentiellement issus du quartier Dioulabougou ont une organisation dénommée Union de la jeunesse unie. Ils organisent chaque année des activités sportives.
Une organisation similaire existe aussi en Guinée. Elle comprend des jeunes qui ont vécu à Danané. Après chaque fête de tabaski ces deux organisations se retrouvent soit en Guinée ou ici à Danané pour des activités sportives.
Ces activités avaient pour parrain, l’ancien Maire, notamment la première édition. Mais il ne l’est plus. C’est moi qui ai accordé mon parrainage à ces jeunes. Mais nous entendons dire que ce changement n’est pas accepté par l’équipe qui m’a précédé.
En tout cas, les jeunes initiateurs de ces activités ne partagent pas l’avis de mes prédécesseurs. Nous avons appris dans la foulée qu’un groupe de jeunes a été formé pour initier une activité semblable.
À la veille de la fête de Ramadan, ces deux groupes de jeunes avaient décidé d’organiser leur manifestation les mêmes jours et aux mêmes heures. J’ai donc demandé à mon chef de cabinet de faire en sorte qu’il y ait une conciliation entre ces jeunes pour que, ces cérémonies se déroulent à des heures et à des jours différents pour quiétude dans la Commune de Danané.
Le jour indiqué pour cette activité sportive, j’ai effectué moi-même le déplacement avec une forte délégation. Il y avait à mes côtes mon chef de cabinet, des conseillers municipaux, des adjoints au maire parce qu’on avait une séance de travail avec des responsables d’une commune de la Guinée.
Les autorités guinéennes avaient-elles été saisies officiellement de votre déplacement ?
Nous avons adressé une correspondance au gouverneur de la région forestière de N’zérékoré pour les informer que des jeunes de chez eux ont invité des jeunes de chez de nous pour une activité sportive. Nous avons signifié qu’en notre qualité d’élu, nous avons décidé de les accompagner. En pareille circonstance et comme le veut l’usage, je ne pouvais pas me déplacer sans informer les autorités de ce pays frère.
Mon courrier était à titre informatif. Le jeudi, je me mets en route pour la frontière avec ma délégation. Nous sommes arrivés sur les lieux à 17 h. Nous passons le poste frontalier sans problème. Mais côté guinéen, nous sommes confrontés à quelques difficultés. Après des échanges de courtoisie la sécurité frontalière nous demande d’attendre l’autorisation de sa hiérarchie.
Nous sommes restés là de 17 h ‘à 21 h. Nous n’avons pas eu de retour, pendant ce temps, je cherche à entrer en contact avec le maire de N’zérékoré à qui j’avais écrit et au gouverneur. Il nous dit de rester à l’écoute parce qu’ils échangeaient avec les autorités sécuritaires.
Plus tard, le maire de cette ville nous rappelle. Il nous informe que, vu l’heure tardive, il était préférable pour nous de ne pas traverser la frontière. Vu que le pays est dirigé par une transition militaire. Il nous propose donc de passer la nuit à N’zérékoré en attendant qu’il obtienne l’autorisation.
Et quelle a été votre réaction face à cela ?
J’ai décliné l’offre. En tant qu’élu, je ne pouvais pas abandonner ma population à la frontière pour aller me reposer dans une chambre d’hôtel à N’zérékoré. J’ai insisté pour qu’on prenne tout le monde en charge. Des agents du poste frontalier de la Guinée nous ont dit avoir reçu une information selon laquelle notre délégation serait infiltrée par des mercenaires.
Je trouve donc les moyens d’informer la délégation que j’accompagne. Je fais savoir aux jeunes que compte tenu de l’heure tardive, il serait préférable de rester sur place et de ne pas franchir la frontière. Chose qu’ils ont acceptée sans difficulté.
Le lendemain vers 8h, nous avons obtenu l’accord du gouverneur. Une fois au corridor, je demande des documents formels pour justifier cette autorisation de continuer notre chemin. C’est à ce moment qu’on nous informe que la hiérarchie militaire était en réunion, et qu’on devra encore patienter.
Quelques instants après, le maire de la commune de Lola décide d’effectuer le déplacement jusqu’à la frontière pour nous rencontrer. À son arrivée, il nous informe que l’appareil sécuritaire guinéenne a reçu une alerte depuis la Côte d’Ivoire plus précisément Danané.
A lire aussi : Danané, Diabaté Kalifa fait un bilan de ses 100 premiers jours à la mairie
Quel était le contenu de cette alerte ?
Cette alerte disait que notre convoi serait composé d’une cinquantaine de mercenaires. C’est ce qui a occasionné ce blocage. Il a également fait savoir que des jeunes auraient été instrumentalisés pour porter atteinte à mon intégrité physique.
Il ne voulait pas prendre le risque qu’un élu ivoirien soit agressé dans le sol guinéen. Il m’a donc demandé de faire demi-tour vu que toutes les conditions ne sont pas réunies.
À vous entendre parler Monsieur le Maire, l’information de la présence de personnes indélicates dans le convoi que vous accompagniez était une rumeur. Était-ce vrai et qui avait intérêt à diffuser une telle rumeur ?
La rumeur est partie de l’autre camp.
Dans vos propos, vous citer votre prédécesseur à la mairie. Quels sont vos rapports depuis les élections ?
Pour être franc, nos rapports ne sont pas des plus chaleureux. Aux dernières nouvelles, nous avons appris que c’est lui qui était le parrain du second groupe et qu’il a même mis un car à la disposition de ce groupe. Il se raconte qu’il était à la frontière avant notre arrivée. Vrai ou faux ? Difficile de le dire. Nous avons également appris que certains de ces proches étaient déjà dans la ville guinéenne de Lola.
Les différents commentaires des cyberactivistes proches de l’ancienne équipe municipale concernant les problèmes rencontrés au poste frontalier ivoiro-guinéen, nous ont en tout cas confortés dans ce que nous avions entendu depuis la frontière guinéenne. Vrai ou faux ? Nous entendons tout mettre faire pour que la vérité éclate.
Monsieur le Maire, voilà déjà huit mois que vous êtes aux affaires dans la commune de Danané. Quel bilan faites-vous de temps de gestion ?
Effectivement cela fait déjà huit mois que les urnes et la population de Danané nous ont élus. Huit mois dans un mandat de cinq ans, ce n’est pas beaucoup. Mais c’est du temps qui doit être mis à profit pour travailler car chaque minute qui passe doit servir au bien-être de Danané et nos populations.
En huit mois, nous avons lancé plusieurs projets. Ce sont des projets de construction de 11 écoles. Il y en a trois qui sont totalement terminées. Depuis une dizaine de jours, nous avons favorisé l’arrivée des sapeurs-pompiers dans notre commune. Danané est une commune de plus 105 milles habitants. Vous comprenez que la présence des services de secours d’urgence était nécessaire dans cette commune.
Nous avons lancé des projets de reprofilage des routes. Dans ce chapitre, nous sommes à plus de 10 km sur un objectif de 100 km de route à reprofiler dans toute la ville. Nous avons créé un site internet depuis un mois ce qui n’existait pas.
On envisage la mise en place d’une Web TV. Nous avons également réhabilité la mairie pour lui donner fière allure. De nombreux autres projets sont presqu’en voie d’achèvement pour le bonheur de nos populations qui sont notre priorité.
Réalisée par R.A
OM – 7/24
Mail : contact@ouestmedia.ci
Discussion about this post